Enfance & Famille
Grandir sans père, grandir avec les cicatrices
« Quand le silence remplace les cris, tu crois que tout ira mieux. Mais le silence, il te hante aussi. » Y’a des maisons où le silence est une paix. Chez moi, c’était une alerte. Le silence avant l’orage. Avant que la porte claque, avant que les murs tremblent sous la colère d’un homme incapable de contrôler […]

« Quand le silence remplace les cris, tu crois que tout ira mieux. Mais le silence, il te hante aussi. »
Y’a des maisons où le silence est une paix. Chez moi, c’était une alerte. Le silence avant l’orage. Avant que la porte claque, avant que les murs tremblent sous la colère d’un homme incapable de contrôler ses poings.
Mon père.
Il aurait dû être un repère, une protection. Il était une tempête. Quand il rentrait, tout le monde retenait son souffle. Est-ce qu’il serait fatigué et absent ? Ou est-ce que ce serait une de ces nuits où il voulait que tout le monde souffre autant que lui ?
Les murs ont tremblé. Plus d’une fois. Pas juste les murs, nous aussi.
Le jour où tout a basculé
On dit qu’il y a toujours un jour, un événement qui fait basculer une histoire. Le nôtre est arrivé un soir après l’école. J’attendais ma mère devant l’entrée, un peu inquiet qu’elle ait du retard. C’est là que la mère de Yass m’a remarqué, planté là, seul, à fixer le sol. Elle a vu que quelque chose n’allait pas.
Elle m’a demandé pourquoi j’étais encore là, et sans trop réfléchir, je l’ai suivie. Elle m’a raccompagné chez moi.
Quand on est arrivés, la maison était silencieuse. Trop silencieuse. On a trouvé ma mère, blessée, brisée. Elle venait encore d’affronter la violence de mon père. Et là, la mère de Yass n’a pas hésité. Elle a pris les choses en main, a fait des appels, alerté les bonnes personnes.
Grâce à elle, il a été éloigné de nous.
Ce soir-là, quelque chose a changé. La maison était silencieuse. Un silence pesant, immense. Comme si après des années de chaos, l’univers entier retenait son souffle.
On a grandi sans père après ça. Mais en vrai, on grandissait déjà sans lui. Parce que son rôle, il l’a jamais tenu.
Être frère avant d’être fils
Quand il est parti, on était plusieurs à ramasser les morceaux. J’ai des frères et des sœurs, et dans un foyer qui a connu la violence, t’apprends à être fort pour les autres avant d’être fort pour toi-même.
J’ai dû assumer, rassurer, cacher mes propres blessures pour pas leur transmettre la peur. Parce que la peur, ça se transmet. Et moi, je voulais qu’ils voient autre chose que ça. Qu’ils voient qu’on pouvait avancer, même sans lui.
L’absence qui forge
Aujourd’hui, j’ai plus de haine. Juste des souvenirs et une décision : je serai jamais comme lui. Je serai pas parfait, je ferai des erreurs, mais je porterai jamais la douleur des autres sur mes poings.
Mon père est parti, et quelque part, moi je suis né ce jour-là. Sans repère, mais pas sans force.
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