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Vice City m’a appris l’anglais. Et la violence.
« Appuie sur triangle. Tu vas voler la bagnole. » C’est comme ça que j’ai appris mes premiers mots d’anglais. Pas avec un prof, pas avec un livre. Avec un pote plus âgé, une manette de PS2 entre les mains, et Grand Theft Auto: Vice City qui tournait en fond sur une vieille télé cathodique. Les premières […]

« Appuie sur triangle. Tu vas voler la bagnole. »
C’est comme ça que j’ai appris mes premiers mots d’anglais. Pas avec un prof, pas avec un livre. Avec un pote plus âgé, une manette de PS2 entre les mains, et Grand Theft Auto: Vice City qui tournait en fond sur une vieille télé cathodique.
Les premières fois, je comprenais rien. Mais je rêvais. Ça brillait. Les couleurs, la musique, les motos, les flingues. Et Tommy Vercetti, le perso principal, il avait une voix grave et déterminée. Il parlait anglais, et moi je lisais les sous-titres comme si c’était des versets sacrés. Je voulais tout comprendre.
Alors j’ai appris. Un mot par ci, un mot par là. Kill, run, police, money, deal, respect. Pas les trucs de Shakespeare, mais les mots de la rue version Miami pixelisée.
Le jeu qui m’a ouvert les yeux
Vice City, c’était pas juste un jeu. C’était une immersion dans un monde où tout allait trop vite. Trop fort. Ça ressemblait à la réalité des grands. La violence, les trahisons, les galères, les choix à faire. Quand t’es gosse, t’absorbes tout sans filtre.
Y avait des missions où fallait buter des gens pour un billet, ou récupérer une caisse pour un chef. Et sur le moment, on trouvait ça fun. Mais à force d’y jouer, j’ai commencé à faire des liens.
C’était pas si loin de ce que j’entendais dans la cage d’escalier. Des histoires de bicrave, de potes qui tombaient pour un téléphone, d’embrouilles entre cités. Sauf que dans la vraie vie, y a pas de checkpoint. Pas de code pour remettre sa santé à 100%.
GTA m’a fait grandir trop vite
J’ai compris des trucs que j’aurais préféré apprendre plus tard. Mais dans ma réalité, c’était comme ça. Vice City m’a appris l’anglais, ouais. Mais il m’a surtout appris à flairer les pièges. À voir que la violence peut te faire croire que t’es fort, alors que t’es juste manipulé.
C’était un jeu. Mais pour moi, c’était aussi un miroir. Un reflet de ce qui pouvait m’attendre si je suivais certaines voies. Et mine de rien, ça m’a fait réfléchir. Même si sur le moment, je savais pas encore mettre des mots dessus.
Apprendre autrement
Je remercierai jamais assez ce pote qui m’a prêté le jeu. Et je remercierai jamais assez la vie de m’avoir fait comprendre que ce monde-là, même s’il paraît stylé en pixels, il est pas fait pour moi.
Aujourd’hui, j’utilise l’anglais pour ma musique, pour comprendre des livres, pour voyager dans ma tête. Et Vice City reste un souvenir. Un tournant. Un truc qui m’a fait grandir. Mais que j’ai laissé là où il était : dans la console, et pas dans ma réalité.