Mon rêve c’était pas d’être rappeur. C’était de sortir ma mère de là.

« Y’en a, ils rêvent de scène, de disques d’or, de fans. Moi, j’rêvais juste d’un appart où elle pourrait dormir sans peur. »

Quand t’es petit, on te demande ce que tu veux faire plus tard. Certains répondent footballeur, astronaute, médecin. Moi j’disais rien. Parce qu’au fond, j’avais pas de réponse à donner. Pas parce que j’avais pas d’ambition, mais parce que mon rêve, il avait pas de nom de métier.

Moi, j’rêvais que ma mère arrête de pleurer la nuit.

J’rêvais que ses mains, usées à force de taffer dans des boulots éclatés, puissent enfin se reposer. Qu’elle ait plus à compter les centimes au supermarché, à faire genre qu’elle a mangé alors qu’elle a rien touché depuis la veille.

Le rêve, il a changé de forme

J’ai jamais voulu devenir une star. J’veux dire, j’vais pas mentir, maintenant que j’rappe, ouais ça fait kiffer de voir les gens écouter mes sons, commenter, partager. Mais ça n’a jamais été le rêve.

Le rêve, il est né dans une cuisine trop froide, avec une mère trop fatiguée, et un frigo trop vide. Le rêve, c’était de sortir ma mère de là. De la sortir de la galère, du stress, des dettes, des humiliations silencieuses.

C’est pas du rap, c’est une promesse

Chaque mot que j’écris, chaque phrase que je balance dans un son, c’est pas pour faire le buzz. C’est une promesse en action. Une promesse que j’ai faite sans la dire. Juste avec les yeux, un soir où je l’ai vue dormir assise, trop crevée pour aller jusqu’à son lit.

Je me suis dit : « Un jour, tu t’en sortiras grâce à moi. Et t’auras plus jamais à plier comme ça. »

Alors j’écris. Je raconte. Je m’expose. Parce que j’ai rien d’autre. Mais ce que j’ai, je vais le transformer.

Peut-être qu’un jour, j’irai pas chercher un trophée. Peut-être que j’irai juste lui donner les clés d’un appart à elle, bien à elle. Et là, ouais… là j’aurai gagné.